Hypertension de la femme enceinte

Environ 10 à 15 % des femmes présentent une HTA au cours de leur grossesse. La moitié d'entre elles sont atteintes d'une HTA dite essentielle (c'est-à-dire indépendante de la grossesse) et l'autre moitié d'une hypertension induite par la grossesse. Dans ce dernier cas, on parle d'HTA gravidique ou de toxémie gravidique lorsqu'elle apparaît vers la 20e semaine d'aménorrhée chez une femme jusqu'alors indemne.

L'HTA gravidique est la première cause de morbidité (maladie) et de mortalité prénatale. Elle multiplie par trois le risque fœtal. L'association à une protéinurie (présence d'albumine dans les urines) supérieure à 300 mg/24 h, et à des œdèmes (des jambes, mais aussi du visage et des mains) constitue un signal d'alarme si leur apparition est brutale et massive. En revanche, des œdèmes mineurs ou modérés surviennent dans 80 % des grossesses normales.

Conseils pratiques

Surveiller régulièrement sa tension artérielle en cas d'HTA, qu'elle soit essentielle ou induite par la grossesse. Surveiller également ses urines, au moyen de bandelettes, pour dépister une éventuelle protéinurie. L'apparition de deux croix impose une hospitalisation immédiate.

Quand consulter ?

Vous constatez une prise de poids très rapide ou un brusque épaississement de la silhouette, des mains ou du visage. Dans ce cas, rendez vous en urgence à la maternité où vous êtes suivie.

Adoptez la même conduite en cas d'apparition soudaine d'une protéinurie (deux croix sur la bandelette).
Vous avez des maux de tête, éventuellement associés à des vertiges et/ou des bourdonnements d'oreille, signes d'une hypertension élevée.

L'HTA est découverte de façon fortuite au cours d'une grossesse apparemment normale.

Examen

En dehors des cas d'urgence où l'accouchement doit être déclenché en raison des risques encourus par la mère et l'enfant, une HTA découverte au cours de la grossesse nécessite un bilan approfondi afin de déterminer la cause, d'en apprécier la gravité et de mettre en place un traitement adéquat. Pour cela, une brève hospitalisation est souvent proposée.

Un bilan sanguin (taux de plaquettes, hématocrite, coagulation, fibrinolyse) et urinaire (recherche d'une protéinurie) est effectué. L'examen clinique recherche des œdèmes et surveille la tension, éventuellement par Holter (enregistrement de la pression artérielle en continu afin de détecter des à-coups dangereux qui seraient passés inaperçus).

L'examen obstétrical comprend une échographie pour préciser l'existence éventuelle d'une souffrance fœtale ou d'un ralentissement de la croissance. Un Doppler explore la vitesse d'écoulement sanguin de part et d'autre du placenta.

Chaque cas est un cas particulier et les examens cliniques et biologiques, ainsi que les examens obstétricaux sont adaptés à chaque situation. En l'absence de signes de gravité, un traitement spécifique est mis en route et la femme bénéficie alors d'une surveillance régulière.

Traitement

En premier lieu, il faut savoir que si l'état de la mère et/ou du fœtus est jugé grave, la grossesse doit être arrêtée et l'accouchement en urgence est alors décidé, par voie basse ou par césarienne.

En dehors de ces situations d'urgence, le traitement consiste en repos, traitement antihypertenseur et surveillance. Dans de nombreux cas, le repos permet à lui seul de prévenir ou de retarder l'apparition de complications. Il est important de conserver une alimentation normale et de manger normalement salé (surtout pas de régime sans sel !). Le traitement antihypertenseur est adapté à chaque cas, de nombreux médicaments sont disponibles. La surveillance est essentielle et continue. Elle consiste à surveiller régulièrement la pression artérielle et les urines pour détecter la présence d'albumine.
Le plus souvent, tout rentre dans l'ordre après l'accouchement, sauf s'il s'agit d'une HTA essentielle.

Il n'est cependant pas possible de savoir si l'HTA réapparaîtra lors d'une grossesse ultérieure, imposant alors une surveillance précoce et répétée. Certains spécialistes recommandent un traitement préventif lors de la grossesse suivante, consistant en l'administration d'aspirine à faible dose dès la fin du premier trimestre de grossesse. Il permettrait d'éviter la récidive de l'HTA et de prévenir un retard de croissance fœtale.